Comme un inventaire #1

Cette modification de titre mérite bien quelques mots d’introduction.
L’envie de départ ne change guère et tient en une poignée de mots : partager ; faire circuler.

Pour y voir un peu plus clair, je suis repartie de la définition de “ressource” que j’ai posée et qui figure sur la page d’accueil de ce site :
”Ce qui constitue, anime, réjouit, informe, éclaire, met en mouvement…”

J’ai choisi de m’extraire de la contrainte hebdomadaire précédemment fixée.
Les semaines, pas plus que les jours, ne se ressemblent.
Autrement dit, il n’y a pas toujours matière à – raconter, écrire, partager…

Et puis, certaines choses prennent du temps.
Il sagit donc d’assumer une temporalité qui, d’un certain point de vue, pourrait sembler… décalée.
J’ai besoin de laisser décanter, que cela mature, que cela fasse son chemin avant de pouvoir éventuellement partager.

De la rémunération du contenu en ligne

Pour cette première édition remaniée, l’envie de vous parler de la décision que j’ai prise de soutenir financièrement le travail de certaines autrices et créatrices de contenu en ligne.

Mon obsession pour le travail n’est pas nouvelle, tant s’en faut.
Les changements opérés dans mon paysage professionnel m’ont poussée à m’interroger sur le travail artistique – et, avec lui, celui de la création de contenu au sens large.
Rapidement, la question des contenus partagés en ligne – en particulier via des newsletters, des publications sur les réseaux sociaux – m’a plus particulièrement intéressée, ainsi que celle de sa (non) rémunération.

Un certain nombre de lectures m’ont accompagnées dans ces réflexions.

La première d’entre elle a agi comme un révélateur. Il s’agit d’un post Instagram des éditions Blast, partageant les conditions de travail des éditeur·rices de cette maison d’édition.
Ma naïveté est peut-être immense, mais jamais je n’aurais imaginé que leur travail était un travail… bénévole. Un travail qui vient grignoter (tout) le temps libre, qui se fait en plus d’un travail à plein temps.

La newsletter de Censored « Tout plaquer pour… s’auto-exploiter ? » a posé les mots dont j’avais besoin:

Je crois aussi qu’il est important de comprendre les économies des gens qui vivent autour de nous.

Peu de mises en commun de nos conditions existent. Nous ne connaissons pas nos manières respectives de survivre. Nous ne savons pas qui vit de son activité ou non.

Des mots qui ont trouvé un écho chez Aurélien Cattin dans Notre condition. Essai sur le salaire au travail artistique :

Nous allons jeter en pleine lumière toute une production de valeur maquillée en passion, en vocation, en amour de l’art (p. 10)

Il est crucial que le travail artistique soit rendu visible afin que nous puissions l’émanciper (p. 10)

Partant de là, il ne me manquait que la newsletter de Louise Morel « Les féministes sont-elles légitimes à gagner de l’argent grâce à leur militantisme ? » pour passer à l’action :

Si chaque personne qui les lisait leur donnait ne serait-ce que 1 ou 2€ par mois, on aurait peut-être moins de discours promotionnel cringe sur les bras.
A une échelle individuelle, j’essaie donc, autant que possible, de payer les gens qui m’apprennent des choses, qui me divertissent et me nourrissent émotionnellement ou intellectuellement.

Je rémunère de manière régulière le travail de quatre autrices / créatrices de contenus.
Pour Taous Merakchi (Jack Parker) – via Patreon, Pauline Harmange et Louise Morel – via un abonnement à leur newsletter, je paie pour avoir accès à un contenu spécifique.

Cela diffère un peu pour le travail de Sabrina Erin Gin (Olympe Rêve).
Mon paiement prend la forme d’un abonnement pour avoir un accès à sa gazette – publiée une fois par mois.
Dans les faits, je n’ai pas toujours le temps de la lire et je considère plutôt mon paiement comme un soutien au contenu qu’elle publie sur Instagram. Ce format n’est possible pour moi que parce que Sabrina propose un abonnement « précaire » pour une somme vraiment modique.

Ces réflexions m’amènent par ailleurs à m’interroger sur ce que je ne sais pas comment appeler autrement que : le foisonnement.

J’ai l’enthousiasme facile.
J’ai tendance à me réjouir quand je vois de nouvelles initiatives émerger. A fortiori quand elles permettent à des voix que l’on entend encore trop peu de s’exprimer.
Mais cela percute aussi très fort la question des limites de nos capacités. Je ne parle pas ici uniquement des capacités financières (même si), mais aussi de nos capacités d’attention.

Je ne peux que constater que je suis loin d’avoir le temps de lire tout ce que je voudrais – alors même que mon agenda est organisé pour m’offrir ce temps en des quantités que bien d’autres n’ont pas.
Alors je m’interroge sur la multiplication, je me demande s’il ne serait pas possible, à certains endroits, de se regrouper, d’envisager des collaborations pour éviter une trop grande dilution.

Je m’interroge mais je n’ai pas de réponse.
Tous ces questionnements viennent nourrir mes réflexions quant à mon propre travail – réflexions encore trop embryonnaires pour être partagées.

Je serais heureuse de vous lire sur ce sujet s’il vous inspire, vous questionne…

Retours sur le festival Littérature, risques, etc.

C’était il y a deux mois, presque tout pile.
Vous pouvez vous faire une idée de ce à quoi ça ressemblait avec cette vidéo : https://youtu.be/k2QeLUVS-ZY
Deux mois après, voilà une partie de ce que j’en retiens.

L’impression salvatrice d’un endroit où il est possible de dire, d’écouter, d’être un tout petit peu (ou beaucoup !) autrement.
Je suis arrivée dans un état de vulnérabilité émotionnelle assez extrême. Je crois que j’ai réussi à y aller parce que je me suis dit que ce serait vraisemblablement un endroit où ce serait ok.
Ok de venir avec ça. Ok d’être comme ça.

Au fil de ces deux jours, deux pensées farfelues m’ont traversée :

  • j’aurais besoin d’une “salle des émotions” : un endroit identifié où l’on viendrait pleurer, danser, crier (…). Un endroit où on se dirait : voilà où je peux venir me réfugier quand il y a trop plein, quand ça déborde. Voilà où je peux, peut-être, envisager de m’en délester, au moins en partie.
  • J’aimerais qu’il soit possible de se lancer dans la construction d’une échelle des émotions – à l’image de l’échelle des piments. De petites icônes disséminées dans le programme, histoire de …

Il y a eu : pleurer, avec Meryem Alqamar ; avec Adel Tincelin
Il y a eu : rire, avec Yasmine El Amri
Il y a eu : danser, avec Lisette Lombé et Cloé du Trèfle

Et puis, il y a eu écrire avec Al Baylac, avec Milady Renoir.
J’ai partagé les textes écrits ici.
Au-delà de ces textes en particulier, je crois que ça m’a d’une certaine façon mis le pied à l’étrier.
Alors prendre de premiers rendez-vous d’écriture pour 2023 : en février avec Milady Renoir à nouveau, autour de la nouvelle. En mars, avec le collectif Mues au Théâtre Massenet.

L’occasion de redire une énième fois – mais peut-on vraiment la dire trop – ma gratitude pour le travail mené par l’association Littérature, etc.

Kae Tempest
Ou de la lecture à voix haute

J’ai découvert Kae Tempest avec la lecture de Connexion.

En relisant des extraits cette année, j’ai eu envie d’écouter sa musique.
Envie qui coïncidait très exactement avec la sortie de son dernier album, The Line is a Curve.
Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre.
Ça a été une déflagration.
Cœur compressé, cœur en miettes, cœur réveillé, cœur élargi.

Novembre 2022
Kae Tempest est en concert à la Condition Publique. Je ne sais pas quoi dire d’autre que : l’amour ; la joie ; la vie.

Le lendemain j’achète le dernier de ses ouvrages publié à l’Arche (dans une merveilleuse édition bilingue).
Let Them Eat Chaos / Qu’on leur donne le chaos
Première page
« This poem was written to be read aloud / Ce poème a été écrit pour être lu à voix haute »
Je m’exécute.

Immédiatement : l’envie de partager cette lecture à voix haute avec d’autres.
Et puis imaginer une lecture écho. L’anglais, le français.
Qui dialoguent, se répondent, se rencontrent, s’en(tre)mêlent.

J’ai décidé que c’était le déclic que j’attendais pour lancer cette idée qui m’accompagne depuis plusieurs mois – proposer qu’on se retrouve à plusieurs pour partager des textes, lus à voix haute.
Je ne sais pas bien encore où, ni quand.
Ce que je sais c’est que ça si ça te fait envie, je t’invite chaleureusement à me le dire – commentaire, mail, à ta guise.

Dans ses vœux pour 2023, mon amie Leslie (qui a sorti en novembre 2022 un très bel album, Bizarre monde, qu’on se le dise), souhaitait que ce soit l’année des retrouvailles.
Voilà, c’est exactement ça l’idée : se retrouver, se rassembler, autour de textes qu’on aime, qui nous font du bien…
Chiche ?

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