Avec le billet précédent, il me semble qu’il s’agissait plutôt de retrouvailles.
Ça en avait, pour moi en tout cas, l’aspect joyeux mais aussi désordonné. L’enthousiasme qu’on ne peut pas, qu’on ne veut pas contenir.
Il y avait tant à dire…
J’ai désormais envie, et besoin, que ces inventaires (re)prennent la forme que j’ai imaginée au départ (très inspirée, je le redis, par les « Weeknotes » de Thomas Parisot).
Pour l’essentiel : documenter les formes différentes, nouvelles que va prendre mon travail.
J’ai commencé à rédiger ce billet il y a une semaine.
J’avais prévu de vous parler de deux choses : le travail d’écriture que je découvre et la nécessité pour moi de trouver de nouveaux cadres à donner à mon travail.
Et puis ce que je voulais dire sur le travail d’écriture s’est progressivement étendu sur la page. Tant qu’il m’a semblé que c’était un sujet à part entière : j’ai donc décidé d’en faire un billet dédié.
Il s’agit donc d’un « inventaire hebdomadaire » qui continue à se chercher.
Un bon reflet de mon travail en ce moment, en somme.
Ne pas savoir exactement où l’on va, comment on s’y prend, mais avoir confiance et faire malgré tout.
Accepter d’être dans une phase d’expérimentations – faite forcément de questionnements, d’ajustements, de recadrages…
Ça n’est pas la première fois que je travaille “sans cadre”, sans cadre imposé plutôt.
J’ai connu un certain nombre voire, désormais, un nombre certains de périodes de chômage.
Les dernières étaient beaucoup plus “structurées” que celles de mes premières années d’après études.
Et oui, incontestablement, je travaillais : à préparer des concours, à lire / écrire des choses sur ce qui fût un temps mon projet de thèse…
Mais il y avait à chaque fois un fil conducteur, un objectif (quel vilain mot !) : chercher à rentrer dans un cadre prédéfini.
Selon les périodes : réussir un concours ; trouver un emploi salarié stable et où je me sentirais bien ; structurer suffisamment mes réflexions et suivre une formation pour donner vie à ce projet de thèse…
Aujourd’hui, c’est une période toute différente qui s’ouvre.
Si on me demande ce que je fais, je peux répondre sans trop difficulté mais je serais bien en peine de décrire l’objectif qu’il y a derrière tout ça – et je crois que c’est très bien comme ça.
Mais je comprends aussi depuis quelques semaines qu’il y a tout un cadre de travail à réinventer.
Pour moi, c’est d’abord réfléchir aux questions de temps et d’espace.
Un emploi du temps à réinventer
La question du temps.
C’est clairement celle qui va nécessiter le plus de réflexions pour moi, et sans doute le plus d’adaptations.
Je fais le choix de m’embarquer aujourd’hui sur un chemin aux frontières floues.
Je fais le choix de la porosité, de la circulation.
C’est un choix qui me réjouis, de me dire que ce je vais lire, voir, entendre, fera son chemin jusqu’à irriguer des projets, des réflexions, parfois bien longtemps après.
Mais déjà, cette question : « et ça, est-ce que c’est du travail ? » (Ne voyez point dans ce questionnement la marque d’une obsession pour Thomas Parisot, déjà cité plus haut… Mais, bien sûr, je n’ai pas commencé à le suivre sans raison, déjà à l’époque : « Est-ce que c’est du travail ? »)
C’est un questionnement central pour moi, parce que je sais l’importance primordiale des temps de repos, de retrait même parfois.
Faut-il alors décider de laisser des espaces vides ? Et si oui, quand ? Comment ?
Je ne parle même pas encore des vacances.
Ce que je fais de mes week-ends, déjà, m’interroge.
C’est aussi pour ça que ce billet a mis du temps à être publié.
J’avais décidé que je n’y travaillerais pas le week-end dernier.
Mais je ne sais pas du tout si c’est comme ça qu’il faut que je m’y prenne.
Oui, c’est sans doute sur ce plan que je vais le plus explorer, expérimenter.
Rendez-vous dans quelques mois pour voir où j’en suis !
L’importance du lieu de travail
Depuis juillet dernier, je loue un bureau au Couvent des Clarisses, à Roubaix.
C’est un lieu que je n’ai que peu fréquenté ces derniers mois, peu investi en somme, la faute à un agenda universitaire plus rempli que ce que j’avais imaginé au départ.
Je retrouve depuis quelques semaines le chemin de ce bureau en dehors de chez moi.
Ces dernières années, j’ai l’impression de savoir me mettre à travailler chez moi sans grande difficulté. Malgré tout je ne peux que constater la différence de concentration, d’efficacité si j’ose dire, entre les moments où je travaille chez moi et les moments où je travaille au couvent.
Le constat est désormais clair : il va falloir que je m’astreigne, que je trouve la rigueur nécessaire pour aller plus régulièrement au couvent, si je veux continuer à avancer, si je veux aller plus loin.
Et puis, disons-le, je ne sais pas si on peut trouver lieu de travail beaucoup plus inspirant !
Parallèlement, je réfléchis à investir beaucoup plus ponctuellement d’autres lieux, d’autres espaces, pour d’autres aspects de mon travail. Mais ça, j’y reviendrai un peu plus tard.
Ce que j’ai vu
– Petite nature, film de Samuel Theis
– Les bienheureux, film de Sofia Djama
– La bataille de la plaine, film de film de Sandra Ach, Nicolas Burlaud & Thomas Hakenholz
Ce que j’ai lu
– La femme gelée, Annie Ernaux : simplement la joie de retrouver les mots d’Annie Ernaux après une assez longue pause. J’avais presque oublié, et ces retrouvailles me font le plus grand bien.
– Comme nous existons, Kaoutar Harchi
– Trash, Dorothy Allison : j’ai découvert Dorothy Allison avec Deux ou trois choses choses dont je suis sûre et je ne saurais pas bien dire la force de cette rencontre. Combien ces mots me percutent, me bouleversent. Une chose est sûre, j’ai ajouté Peau tout en haut de ma liste des livres à lire bientôt.