Les compagnes

Je découvre, à la faveur d’une publication de la Marelle qui m’attire l’œil, et qui n’en parle pas directement, le carnet de résidence de Maaï Youssef.

C’est amusant d’ailleurs, de se demander pourquoi je vois cette publication-là ce matin et pourquoi je suis passée à côté des autres.
Est-ce une histoire d’attention, de disponibilité ?
Ou est-ce qu’aujourd’hui est simplement le bon moment ?
Je me plonge donc avec retard, mais surtout avec délectation, dans plusieurs semaines de correspondance entre Maaï Youssef et Lucille Dupré, son amie autrice.

J’y lis notamment ces quelques mots qui me bouleversent :
“Est apparue aussi la sensation que de l’effondrement naitrait une transformation”.
Ce mot, “effondrement”, que j’ai moi-même utilisé pour dire, ou au moins essayer, une expérience sans commune mesure, éminemment incomparable avec celle vécue par l’autrice.
Ce mot qui est le seul que je continue à utiliser, obstinément.
Peut-on choisir un autre mot qu’effondrement pour dire un corps qui se retrouve littéralement au sol ?

En lisant cette correspondance, j’ai l’impression étonnante – et somme toute bouleversante – de me découvrir une nouvelle fois des compagnes.
C’est sans doute ce qui me marque et m’émeut le plus dans la vie comme elle va ces dernières semaines, ces derniers mois.
Le sentiment à la fois exaltant et rassurant de rencontrer des compagnes, presque à chaque pas…

Bien sûr, je lis ces échanges à haute voix.
Parce que ça fait bien longtemps que c’est la façon la plus simple pour moi de goûter, savourer pleinement les mots.
Mais aussi, oh oui, sans doute mue par ce besoin nouveau et irrépressible de donner corps – ici de donner langue, de donner voix, de donner son. Ce besoin viscéral que j’ai depuis la danse.
Enfin, parce que lire à voix haute c’est aussi, je crois, même dans l’espace solitaire de mon appartement, chercher à faire résonner et donc, d’une certaine façon, commencer à partager.

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