Voilà, cela fait plus de six mois. Bientôt huit en fait.
Ça a pourtant été tout l’inverse du vide. Pas non plus le trop plein.
Mais plus vraiment de place pour l’écriture. Et donc plus moyen de partager.
Il y a quelques semaines, j’ai traversé un certain nombre de moments, d’expériences, qui ne m’ont pas vraiment laissé le choix.
Il était devenu impératif que j’interroge ce à quoi je faisais de la place dans ma vie. Ce que je décide de mettre au centre.
J’ai entamé un grand chantier de déblayage et donc de recomposition.
La première décision a été d’abandonner le projet de thèse élaboré ces derniers mois.
Le reste, la suite, ne fait que commencer.
Je crois en tout cas que retrouver cet espace et m’engager – envers moi-même – à le faire revivre, fera partie des éléments centraux des prochaines semaines, des prochains mois.
Je me permets, pour conclure cette introduction (!), d’emprunter ces quelques mots à Maaï Youssef, pour dire encore un peu plus ce qui me pousse à revenir ici :
“Je garde de cette correspondance l’enseignement de combien il nous est vital de pouvoir nous raconter, nous lire, voyager dans les récits des unes et des autres. (…) J’aime l’idée qu’ici, dans cette correspondance qui nous a tant apporté, les savoirs circulent et se transmettent.”
(Maaï Youssef, Journal de bord #14)
J’écris
Je n’ai jamais connu ça. Un tel flot de mots.
Je peux te dire que je me cramponne à mon carnet, bien décidée à ne pas en perdre une miette, pas la moindre lettre.
J’accueille à bras ouverts sans avoir, pour l’essentiel, la moindre idée de ce que cela pourrait bien donner.
Je sais que c’est là qu’il faut que je sois. Je sais que c’est ce qu’il faut que je fasse.
Alors j’écris.
Dans tout ce que j’écris et où règne sans conteste un certain désordre – oui, voilà, c’est un foisonnement désordonné et joyeux ! – il y a quand même quelque chose qui prend progressivement les formes d’un projet d’écriture à part entière.
Je travaille à ce que j’appelle pour le moment mes « Carnets de danse » – la bataille des titres fait rage, mais je tiens à les garder pour moi encore un peu.
Je le partage ici comme on s’engage. Comme une façon de dire, surtout à moi, je les finirai, ces carnets. J’irai même plus loin : je me suis donnée une “date de tombée” à l’été, au début de l’été (que voulez-vous, c’est là mon rapport avec les anniversaires, je ne sais pas faire autrement que de les charger de symboles !).
Je revisite
J’épluche presque deux ans de carnets.
Je cherche des fils sur lesquels tirer, des points d’appui, les premières briques des constructions à venir.
Je me réjouis de m’être, finalement plus souvent que ce dont je me souvenais, pliée à cet exercice d’écriture. De me retrouver aujourd’hui face à toute cette matière, couchée sur papier mais tellement vivante. Qui attendait juste que je sois prête.
Je souris, parfois avec beaucoup d’émotion, de tout ce qui était déjà là, déjà présent.
Je célèbre et me nourris des échos, des résonances, des vibrations.
Je danse
Je danse seule dans mon appartement.
Je danse bien accompagnée dans des ateliers.
Je danse dès que j’en ai l’occasion, et je crois que ça ne fait que commencer…
CHOSES LUES
Les carnets de résidence de Maaï Youssef à la Marelle, correspondance bi-hebdomadaire entre Maaï et son amie Lucille Dupré, également autrice.
J’ai écrit quelques mots là-dessus ici. J’ai bien fait de le faire au tout début de ma lecture, sinon je crois que j’aurais pu écrire à l’infini (je reviendrai là-dessus sans aucun doute).
Le cœur cousu, Carole Martinez
Je l’avais déjà lu il y a plusieurs années. Je me souvenais simplement qu’il m’avait marqué, pas plus.
Je viens de le terminer. Je me dis que j’ai rarement lu quelque chose d’aussi fort, d’aussi puissant, d’aussi beau.
Je suis heureuse de l’avoir relu, faisant ainsi une exception à mes habitudes de lecture.
Mercredi j’écrivais ceci dans mon carnet : “Qu’est-ce que je fais en ce moment ? Je collecte, je découpe, je rabiboche, je rafistole… Évidemment pas un hasard si j’ai décidé de relire Le cœur cousu maintenant.”
CHOSES VUES
”Nous”, Alice Diop
Un film fascinant, poignant. Des portraits de personnes qu’on n’a pas vraiment l’habitude de voir sur grand écran.
À voir si vous en avez l’occasion !